Rencontres IHEDN le samedi 6 juin 2015, 10h-17h
1 place Joffre, 75007 Paris
Inscription obligatoire : http://www.ihedn.fr/?q=content/rencontres-ihedn-6-juin-2015
LA GUERRE DES MACHINES
S’il n’a plus à verser « l’impôt du sang », chaque citoyen reste pourtant un acteur de la défense collective. Comme la solidité d’une chaine dépend de son maillon le plus faible, chaque citoyen est partie prenante de la sécurité de la communauté nationale. C’est la contrepartie et la condition de ses droits. Or, s’il n’existe plus de menaces aux frontières, comme le dit l’adage, il n’y a plus de frontières aux menaces. Ces menaces ont changé de nature et il est clair, par exemple, que chaque ordinateur individuel est désormais la voie d’accès qu’emprunteront hackers et autres cyberterroristes et cybercriminels pour accéder aux réseaux auxquels nous sommes connectés. Protéger son ordinateur n’est pas seulement un réflexe élémentaire de sécurité ; c’est également une attitude citoyenne par laquelle nous participons à la sécurité des infrastructures vitales dont dépend désormais notre quotidien.
LES PULSIONS DESTRUCTRICES DE L’HOMME
La défense concerne chaque citoyen même si, fort heureusement, l’époque est révolue où la survie de la Nation justifiait le sacrifice de générations entières. Neuf cents soldats français sont ainsi morts tous les jours de la Grande Guerre et on doit se féliciter que notre pays ait organisé des funérailles nationales pour chacun des quatre-vingts neuf militaires français morts durant les dix années de guerre en Afghanistan. Des expériences cruelles nous ont appris à entretenir des relations pacifiques avec nos voisins et l’ennemi héréditaire d’hier est devenu notre allié le plus fiable avec lequel nous vivons désormais en couple.
LA LEVÉE EN MASSE À L’ÈRE D’INTERNET
Penser la défense est donc un engagement de chaque membre de la communauté nationale. Les menaces d’hier ne sont plus celles d’aujourd’hui. Prendre conscience de leur existence, apprendre à y faire face, c’est accepter d’identifier nos vulnérabilités. C’est prendre conscience que l’absence de guerre majeure n’est pas pour autant la garantie d’une paix durable et que la cohésion de la Nation demeure toujours la dernière ligne de défense pour que « jamais ne revienne le temps du sang et de la haine » (Barbara).
LE SPECTACLE DE LA FORCE
Penser la défense, c’est enfin anticiper la violence à venir. Pourtant, si les hommes font l’histoire, ils ne savent pas l’histoire qu’ils font, ainsi que l’écrivait Marx. Trouver une issue à ce paradoxe par les voies de la raison est impossible puisqu’il est à la fois nécessaire d’imaginer la guerre de demain pour être en mesure de la prévenir, alors que les conflits surviennent toujours là où on ne les « a jamais imaginés et souvent pour des raisons qui n’ont pas été anticipées » (D. Kagan). Se projeter dans l’avenir impose par conséquent l’usage d’un nouveau jeu de clés où l’imagination a autant, si ce n’est plus, de place que la froide intelligence. Penser la défense, c’est donc aussi donner la parole aux créateurs qui, avec leurs stylos, leurs caméras et leurs ordinateurs, inventent le monde de demain.